NOUS AVONS HONTE !
Article mis en ligne le 4 octobre 2016
dernière modification le 7 octobre 2016

par Claude MEUNIER

NOUS AVONS HONTE !

Oui, nous avons honte ! Depuis quelques semaines une vague hystérique a saisi une partie de la population des communes de cette région des Yvelines. Une foule bruyante, parfois même vociférante entend s’opposer aux projets du gouvernement tentant d’organiser, dans notre environnement proche, un hébergement décent à des personnes fuyant des combats meurtriers et les persécutions politiques ou religieuses. On aurait pu penser que nos maires, devant un tel déferlement, s’uniraient pour en modérer les outrances et se montreraient à la hauteur de l’urgence d’un désastre humanitaire en cours sous nos yeux. Ils se sont effectivement unis. Sous prétexte de répondre aux interrogations de la population force est de constater, qu’à de trop rares exceptions près, ils ont plutôt encouragé ce mouvement de rejet agressif aux relents parfois nauséabonds.

Oui nous avons honte de voir se banaliser le terme de « migrants » pour ces personnes que l’on nous demande d’accueillir, en nombre bien modeste. On mélange ainsi sciemment demandeurs d’asile, immigrés économiques et clandestins, amalgame propre à attiser les craintes irraisonnées.

Oui nous avons honte que l’on persiste à appliquer le terme de « camp » à des hébergements décents, faisant ainsi implicitement référence à des villages insalubres de bâches et de matériaux de récupération que l’action de l’Etat veut justement supprimer et éviter.

Oui nous avons honte d’avoir entendu notre maire affirmer, en Conseil municipal, que seulement 20% des demandeurs se voient accorder l’asile officiel faisant de 80% d’entre eux des clandestins alors que les chiffres officiels prouvent exactement l’inverse ce qui change bien évidemment l’aspect du problème.

Enfin nous avons honte de devoir rappeler que la France, depuis 1948, date à laquelle elle a adhéré à la Déclaration universelle des droits de l’homme, a signé plusieurs conventions internationales faisant obligation aux Etats signataires d’accueillir « toute personne persécutée pour une raison ou une autre ». Le gouvernement ne fait donc que chercher les moyens de répondre aux engagements de notre pays.

Soyons clairs : le problème est compliqué et, avouons-le, nous dérange à bien des égards. Il est cependant évident que ce ne sont pas les réactions honteuses que nous constatons qui le feront disparaître. Prenons-le plutôt sérieusement et humainement à bras le corps, chacun suivant ses possibilités et ses responsabilités, la solution n’est pas ailleurs.

Claude Meunier